Pour l’instant, ce magasin Franprix n’est qu’un test. Aux dires du groupe Casino, c’est un premier orteil dans le bassin belge, et avec un seul magasin. Il est peu probable qu’une guerre des prix soit déclenchée, d’autant qu’on parle de magasins de proximité et que c’est rarement dans ce segment-là que l’agressivité des différentes enseignes s’exprime le plus. Parce qu’en général la logistique est plus chère pour l’approvisionnement et que le client est plus soucieux de satisfaire un besoin immédiat que de chercher absolument le prix plancher.
Ce qui est sûr, c’est que les acteurs de ce marché de proximité sont déjà très nombreux en Belgique. Derrière les grandes enseignes, on trouve Carrefour Express, Delhaize Proxy, Shop & Go, Okay, et c’est sans compter les nombreuses épiceries bio, les magasins organisés en coopératives de producteurs ou les coopératives de consommateurs. Pour les indépendants franchisés qui tiennent ces magasins, on ne va pas vers une guerre des prix. Ce marché du magasin de proximité est-il saturé ? On n’en est sans doute pas loin, sauf si un acteur arrive avec une offre de produits très particulière.
Une guerre des prix?
Pour Christophe Sancy, rédacteur en chef de Gondola, Franprix est un magasin généraliste : « Ce n’est pas un magasin qui cherche à tout prix à jouer sur une niche. Par contre, c’est vrai qu’il est très perméable à des tendances qui sont dans l’air du temps, sur le prêt-à-consommer, sur le bio, sur l’équitable, sur le vrac, énormément de produits en vrac. Donc, ce sont des choses intéressantes, mais ça reste un magasin de proximité généraliste par rapport à ce qui existe sur le marché ». Cela dit, s’il n’y a pas de guerre des prix, c’est peut-être sur le service que cela va se jouer. Franprix vient d’ouvrir à Paris deux magasins ouverts 24 h/24, 7 j/7, et cela marche.
Si l’enseigne s’installe à Ixelles, c’est probablement pour la communauté de Français qui habitent dans cette commune. Il y a là manifestement des clients qui connaissent de toute façon déjà la marque. Soulignons que deux autres enseignes françaises, Bio c’Bon et Picard, se sont aussi successivement installés en Belgique, en passant par Uccle et/ou Ixelles, deux communes bruxelloises avec une population française importante. Mais Bio c’Bon et Picard avaient un positionnement très clair : soit une offre bio bien précise, soit une offre surgelée. Alors, quel est l’intérêt pour Franprix d’arriver sur le marché belge ? Cela reste aujourd’hui une question en suspens que le secteur se pose justement.